Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/119

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à lui de toutes parts, pour se livrer à des opérations funestes, qui ne vont à ces fins[1] qu’en cimentant la ruine publique. Que de reproches mérités à lui faire ! Et d’abord devait-il marquer assez peu de déférence au vœu de la nation, pour se permettre de presser le travail sur les finances, pour proposer des contributions, pour donner des projets de décrets, avant que la constitution fût consacrée ? Devait-il songer à augmenter la masse des impôts, avant que le roi se fût sérieusement exécuté sur les moyens qui sont en son pouvoir, comme la nation a droit de l’exiger ? Mais il était bien là question d’impôts : Il avait, dans les réformes que nous avons indiquées, de quoi couvrir deux fois le déficit. Il avait, dans la vente des terres du domaine, des châteaux abandonnés ou inutiles au monarque, des hôtels[2] occupés par les officiers ou les gens du prince, dans la nullité des acquisitions faites pour la Cour par l’infâme de Calonne (sans parler des biens des vampires de l’État, dont les possessions immenses devraient être le garant de leurs déprédations[3]), de quoi diminuer le fardeau des charges publiques. Au lieu de profiter de tant de ressources qui s’offraient à lui, il les a rejetées pour fouler le peuple par de nouvelles contributions accablantes, qu’il n’a pas même songé à faire révoquer, depuis que la restitution des biens du clergé offre de quoi éteindre complètement les dettes de l’État. Voilà donc ce nouveau système de la régénération des finances, promise tant de fois et si longtemps attendue,

  1. Je lui ai supposé les mains pures ; mais après tout ce que je vois aujourd’hui, je ne sais plus que penser des bruits répandus sur son compte. On prétend qu’il a travaillé à se rendre maître du numéraire par l’accaparement des grains, pour le faire valoir sur les différentes places de l’Europe, et sans doute pour ne pas oublier son ancien métier. (Note de Marat)
  2. Ce vaste hôtel qu’occupe Thierry dans la rue de Monsieur, à Versailles ; cet hôtel somptueux que le duc de Coigny occupe dans le Carrousel, à Paris, etc. (Note de Marat)
  3. Tant que les brigands publics seront impunis, de quoi servent les réformes ? de quoi servent les lois ? (Note de Marat)