Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/127

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satellites du roi, et d’autres hommes assez faibles pour se laisser aller aux discours de ces sirènes perfides ; tous reçurent à genoux la cocarde blanche, comme la seule qu’on pût porter sans trahir le monarque.

Cependant l’Assemblée nationale faisait la triste expérience des inconvénients du veto suspensif. Le président ayant présenté à l’acceptation les décrets sur la déclaration des droits du citoyen et divers articles constitutionnels, en avait rapporté une réponse alarmante. Le ministre favori y faisait dire au roi, « que cédant aux circonstances, il n’accordait son accession que sous la condition positive, dont il ne se départirait jamais, que le pouvoir exécutif aurait son entier effet entre ses mains ». Cette réponse révolta les députés patriotes, qui se récrièrent contre ce qu’elle avait de moins inquiétant, et le président fut chargé de supplier le roi de donner son acceptation pure et simple.

Le bruit des orgies célébrées à Versailles avait répandu l’alarme dans Paris. Craignant que les fidèles représentants de la nation ne fussent en danger, et sentant plus que jamais la nécessité de mettre un terme à leurs maux, plus de 20 000 citoyens armés se disposèrent à partir, pour punir les gardes-du-corps de l’outrage fait à la patrie. Le comité militaire les avait laissés sans munitions ; la troupe soldée partagea les siennes avec eux. Leurs chefs, voulant gagner du temps, refusaient de marcher ; la force les détermina à faire leur devoir.

Sur les trois heures, sept à huit cents gardes-du-corps se rangèrent en bataille devant la grille du château, pour recevoir les Parisiens. Devant eux se rangea le régiment de Flandre ; et devant les casernes, un bataillon de Suisses avec la garde bourgeoise. À la vue de ces dispositions, bientôt l’alarme se répandit dans la ville ; et la milice nationale, à qui on avait laissé ignorer ce qui se passait à Paris, accourut par pelotons de toutes parts, et se réunit à la garde du jour.