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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/140

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Les faits que j’ai allégués contre vous sont de notoriété, ils forment la preuve de vos attentats.

Si cette preuve est jugée illusoire, j’ai tort sans doute de m’être abusé ; et si, pour expier ma faute, il faut que je périsse, je périrai.

Si elle est jugée victorieuse, je périrai encore ; avec les nuées d’ennemis publics attachés à votre char, et intéressés à votre triomphe, j’en ai trop dit pour pouvoir échapper.

Victime de l’amour patriotique, je vais donc servir d’exemple à ceux qui seraient jamais tentés de défendre les droits des nations. Peuple ingrat et frivole ! qui encense tes tyrans et abandonne tes défenseurs, je me suis dévoué pour toi ; je t’ai sacrifié mes veilles, mon repos, ma santé, ma liberté ; deux fois, pour prolonger tes jours, j’ai abandonné le soin de ma vie ; et aujourd’hui tu me vois en silence poursuivi par tes ennemis, et forcé de fuir pour échapper à leur fureur. Mais non, je ne te fais point de reproches : ma vertu serait-elle pure, si j’avais compté sur ton amour ?


    défends. Quant aux autres, je laisse libre carrière à mes diffamateurs, et je ne perdrai pas, à les confondre, un temps que je dois à la patrie. (Note de Marat)