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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/147

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de réprimer leurs malversations dessein qui ne pouvait s’exécuter qu’à l’aide d’une feuille vraiment nationale. J’entrepris donc un journal public, sous le nom d’Ami du peuple : il n’a pas été inutile à la cause de la liberté[1]. Plus d’une fois je m’y suis élevé avec force contre des projets de décret alarmants, et des arrêtés oppressifs, tels que celui du veto, de la loi martiale, du marc d’argent, de l’attribution des droits du peuple à l’Assemblée nationale, de la spoliation des droits de la commune en faveur de la municipalité, de la formule ordinaire de la promulgation des lois, et, plus d’une fois, j’y ai dévoilé les trames odieuses contre la patrie, longtemps avant qu’elles n’éclatassent ; j’y ai sonné le tocsin pour courir aux armes, lorsqu’il était encore temps de sauver la patrie ; je n’ai cessé d’y avertir la nation que les ennemis publics étaient toujours sur pied pour renouer leurs trames criminelles ; j’y ai sollicité les bons concitoyens à purger l’assemblée nationale, les corps municipaux, les cours de justice, les comités de districts, des membres corrompus, dangereux ou suspects ; j’y ai frondé le projet de rendre au monarque ses gardes-du-corps ; j’y ai frondé l’indigne règlement de police, qui remettait les écrits patriotiques à la merci de l’administration municipale au moyen des colporteurs, et l’arrêté plus indigne encore qui ordonnait la contrainte par corps pour dettes civiles ; sans cesse j’y ai contrôlé, contenu et réprimé les agents du pouvoir, en dénonçant au public leurs malversations, leurs prévarications et leurs attentats.

Qu’on jette les yeux sur ces écrits, on y verra à chaque page des preuves de mon zèle, qui serviront un jour de témoignage aux efforts que je n’ai cessé de faire pour assurer la liberté et le bonheur du peuple.

  1. L’Ami du peuple parut d’abord, du 12 au 15 septembre 1789, sous le titre de : Le Publiciste parisien. Il prit le titre de l’Ami du peuple à partir du no 6 (16 septembre 1789).