Aller au contenu

Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa feuille comme incendiaire, au moment où l’assemblée nationale, qu’ils singeaient, venait de repousser pareille dénonciation, portée contre lui par les ennemis de l’État ; de quel front ils clabaudaient contre la liberté de la presse, faite pour démasquer les administrateurs infidèles, les mandataires vendus, les lâches prévaricateurs ; de quel front ils cherchaient à me la ravir, au moment même où l’assemblée nationale me l’avait conservée en refusant de délibérer. Non seulement je protestai contre l’illégalité de leur juridiction ; mais je les dénonçai eux-mêmes comme usurpateurs d’un pouvoir qui ne peut point leur appartenir, et dont ils ne se serviraient bientôt plus que pour enlever à la patrie ses défenseurs, la remettre sous le joug, et la replonger dans l’abîme[1].

Ma dénonciation contre M. Necker paraissait à peine ; la première feuille, enlevée par les soldats qui étaient d’abord venus pour m’arrêter, l’avait annoncée, et elle était attendue avec empressement. L’inculpation du principal ministre, comme auteur de la famine qui a désolé le royaume, confident des conspirations formées contre la patrie, et chef des conjurés, était faite pour piquer la curiosité, autant que pour répandre l’alarme et l’effroi ; l’accusé sentit qu’il était perdu, s’il ne me perdait, et son parti fut bientôt pris.

Le district des Cordeliers, indigné des atteintes portées en ma personne à la sûreté individuelle, songea à mettre un frein à l’audace des agents du pouvoir ; il nomma des commissaires, conservateurs de la liberté des citoyens, arrêta que nul décret ne serait mis à exécution qu’ils ne l’eussent visé. Les ennemis de la révolution en frémirent ; ils tinrent conseil, résolurent d’envelopper ce district dans ma ruine, et ne négligèrent rien pour la consommer. Quelques députés à la ville s’efforçaient de soulever contre moi les faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel, en me repré-

  1. V. les nos 101 et 102 de l’Ami du peuple.