m’avez l’air d’être de bien mauvais sujets, et je suis très mécontent, très mécontent.
Cependant les espions qui accompagnaient la garde se répandaient en calomnies et en menaces contre l’Ami du Peuple ; ils invectivaient les citoyens du district, tandis que la plupart des officiers, à l’exemple du sieur Carles, les défiaient par des propos insultants, comme s’ils eussent cherché à provoquer une action. La sagesse et la modération de ces citoyens les garantirent du malheur affreux que le plus léger ressentiment aurait amené ; et à quoi a-t-il tenu que des flots de sang n’aient coulé ! Déjà l’assemblée générale du district, convoquée à la hâte, avait député des commissaires vers le commandant-général, pour lui représenter qu’un appareil militaire aussi menaçant avait répandu l’alarme, et le prier de venir rétablir le calme par sa présence. Il se contenta de répondre, qu’en envoyant des forces aussi considérables, il n’avait fait que suivre les ordres qu’il avait reçus de M. Bailly, et qu’il avait des affaires indispensables qui ne lui permettaient pas de se rendre à leur demande : comme s’il était au monde quelque affaire plus importante que de prévenir une guerre civile ! S’étant transportés chez M. Bailly, il leur répondit à son tour, qu’il n’aurait pas cru qu’on eût fait marcher tant de monde : excuse d’écolier de la part d’un homme qui avait donné des ordres positifs, et sans doute des ordres par écrit, le commandant-général étant trop adroit pour se compromettre.
D’autres commissaires nommés pour informer l’Assemblée nationale de ce qui se passait, lui porter les craintes, les réclamations et les vœux du district, attendaient sa décision. Sans égard à l’atrocité du décret lancé contre l’Ami du Peuple, aux atteintes portées à la liberté et à la sûreté publique, l’Assemblée arrêta que son président écrirait au district des Cordeliers, pour l’avertir « que les décrets des 8 et 9 octobre, sur la jurisprudence criminelle, ne pouvant avoir aucun effet rétroactif, les décrets de justice