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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/171

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dans l’assemblée des mandataires provisoires de la commune de Paris : méprise que je m’étais empressé de rétracter dès l’instant où elle me fut connue. L’offense et la réparation avaient été publiques : les ministres, les députés à la ville, les juges du Châtelet, et le commandant-général ne pouvaient l’ignorer ; enfin la prise-de-corps avait été convertie en ajournement personnel, et devait l’être, d’après ma comparution en assigné pour être ouï. Le décret à la requête du sieur de Brunville, considéré comme suite de la plainte du sieur de Joly, devait tomber avec elle ; il ne pouvait donc avoir pour principe que le lâche ressentiment du procureur du roi, furieux de la franchise avec laquelle je l’avais rappelé à ses devoirs ; les tentatives faites pour m’écraser, sous prétexte de mettre les décrets à exécution, étaient donc des attentats contre la sûreté et la liberté des citoyens, des attentats contre la justice et les lois, des attentats dignes de la vindicte publique. C’est cependant sur de pareils titres que les ennemis publics se sont appuyés pour armer contre moi le bras de tant d’assassins, me faire assaillir par de nombreuses légions, rester seuls arbitres de l’État, appeler sur la capitale la guerre civile, et se défaire en un même jour de tous les amis de la patrie. Ainsi ces décrets, dont le Châtelet sentait toute l’atrocité, ne pouvaient avoir pour but le maintien des lois et de l’ordre public. Longtemps ensevelis dans la poussière du greffe, ils y seraient toujours restés, s’ils n’en avaient été tirés par l’administration municipale, ou plutôt par l’administrateur des finances ; car j’étais déjà en possession de contrôler paisiblement la conduite des municipaux, de censurer leurs funestes projets, de dénoncer leurs malversations ; et ce n’est qu’à l’instant où j’ai porté une main audacieuse sur le voile dont le ministre favori enveloppait ses opérations désastreuses, que l’orage a commencé à gronder sur ma tête. À la vue de ses machinations dévoilées, il a frémi de rage contre l’incorruptible défenseur des droits de la nation, et il n’a plus