Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/172

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songé qu’à le faire périr entreprise criminelle que l’administration municipale, le maire, le Châtelet et le commandant-général, trop lâches pour l’avoir formée, ont néanmoins secondée avec empressement. Mais, pour n’avoir été que de dociles instruments dans la main du principal ministre, placé derrière la toile, ces agents subalternes n’en sont pas moins punissables ; en les dénonçant à la nation, je me borne à leur dernière tentative, la plus criminelle de toutes. Le décret de prise-de-corps qui l’a motivée étant nul de droit, elle ne peut être réputée qu’un abus d’autorité pour consommer ma perte et m’empêcher de dévoiler leurs iniquités. Les juges du Châtelet ont donc prévariqué dans leurs fonctions : or, je demande leur destitution, comme indignes de les exercer, et leur punition comme lâches prévaricateurs.

Quant au maire, quelque courtes que soient ses vues, il n’est pas assez dépourvu de jugement, pour n’avoir pas senti où tendaient les ordres barbares qu’il a ordonnés, d’armer plusieurs districts contre celui des Cordeliers. Je le dénonce à la nation, non seulement comme perturbateur du repos public, mais comme un traître à la patrie, qui n’a pas craint d’exposer la capitale à devenir le théâtre d’une guerre civile.

La conduite du commandant paraît encore plus atroce que celle du chef de la municipalité. Il s’excuse sur les ordres qu’il avait de commander douze mille hommes pour appuyer un attentat juridique. Qu’en sa qualité de capitaine-général il n’ait pas examiné l’injustice du décret, à la bonne heure, il n’était pas juge compétent : mais en sa qualité de citoyen, il devait ses observations à l’administration municipale, et puis, en sa qualité de capitaine-général et en sa qualité de citoyen, ne devait-il pas peser les conséquences des ordres qu’on lui donnait ; et pouvait-il ne pas en prévoir les suites, en cas de résistance ?

Pour faire marcher plusieurs districts contre celui des Cordeliers, il a choisi ceux dont presque tous les officiers