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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/186

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Notice de l’Auteur

Cet écrit aurait suivi de très près ma Dénonciation de M. Necker, pour l’expédition militaire[1] faite contre moi le 22 janvier 1790. Quel que soit l’intervalle écoulé, il ne viendra point trop tard, tant que l’homme dont il est destiné à éclairer l’administration sera au timon des affaires.

Il contient des preuves juridiques des inculpations du ministre des finances : preuves superflues pour le lecteur qui sait lire, et indispensables pour le lecteur qui n’aperçoit que les objets qu’il a sous les yeux.

Je ne doute nullement que des citoyens sans civisme ne taxent d’acharnement mon zèle à poursuivre M. Necker ; et je me piquerais moi-même moins de constance, si je connaissais moins son caractère ; je conviens qu’il ne serait pas aisé de le remplacer du côté des lumières : rarement trouverait-on un administrateur aussi instruit, aussi appliqué, aussi versé dans les affaires : mais, dans les circonstances actuelles, c’est précisément sa capacité qui m’alarme ; ce sont les ressources de l’esprit, la finesse, la subtilité, l’audace, la ténacité, qui rendent un premier ministre redoutable, quand il n’est pas animé de l’amour du bien public.

Assurément on n’enchaînera plus le peuple par la force : mais, après tout ce qu’il a fait pour recouvrer sa liberté, après les dangers auxquels il s’est exposé tant de fois, les fatigues incroyables qu’il a essuyées, la disette qu’il a souf-

  1. Tout le monde sait que la municipalité, ou plutôt le ministre des finances, mit sous les armes douze mille hommes pour me faire enlever : par cette belle équipée, on peut sentir à quel point il redoutait le peuple, dont je ne cessais de défendre les droits. (Note de Marat)