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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/188

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Nouvelle dénonciation
de M. Marat, l’ami du peuple,
contre M. Necker,
premier ministre des finances

Lorsque j’ai accusé M. Necker[1] d’avoir amené sur la France les fléaux de la disette et de la contagion[2], en réduisant ses malheureux habitants à la cruelle nécessité de se nourrir d’un aliment gâté, dont ils ne peuvent pas même apaiser leur faim ; lorsque j’ai accusé la municipalité parisienne d’avoir connivé avec le ministre des finances, et de lui prêter l’appui de la force publique, pour consommer ces forfaits odieux, je n’avais en preuve de ses malversations que des faits indirects, mais notoires, et des inductions[3] irrésistibles, tirées de la marche des affaires comparée aux événements : inductions toujours sûres pour

  1. Voyez les numéros 12, 15, 22, 25 et 26 de L’Ami du Peuple. (Note de Marat)
  2. Dans le nombre, il en est une qui équivaut aux preuves directes les plus palpables ; c’est que la disette et la mauvaise qualité du pain, qui n’avaient pour prétexte que la rareté du blé, durent encore malgré la dernière récolte, récolte si abondante qu’elle suffirait seule à l’approvisionnement du royaume pendant deux années. (Note de Marat)
  3. Depuis cinq mois on a proposé à l’Assemblée nationale d’ordonner à M. Necker de représenter tous les traités que le gouvernement a faits avec des compagnies au sujet des subsistances. Soit que l’Assemblée ait négligé de faire cette demande, soit que le ministre l’ait éludée, on est encore à avoir là-dessus le moindre renseignement. La présentation de ces pièces est indispensable, de même que l’examen scrupuleux de toutes les opérations de ce genre. Mais il importe que cet examen ne soit pas fait par les membres du comité des finances, au nombre desquels ceux qui font le travail avec le ministre ne sont ni les plus instruits ni les plus désintéressés. (Note de Marat)