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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/232

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Marat publia sa Dénonciation à la Nation contre M. Malouet, par M. Marat, auteur de l’Offrande à la Patrie, du Moniteur, et du Plan de Constitution, etc.[1].

Cher ami du peuple, recevez quelque consolation, en apprenant à quel point vous êtes aimé de tous les bons citoyens.

À l’ouïe de la dénonciation faite, samedi soir, par l’infâme Malouet, contre vous et Desmoulins, un air de jubilation éclatait sur la face des noirs ; mais un morne silence, mêlé d’inquiétude, régnait dans les tribunes. À la lecture du funeste décret, les acclamations des noirs et des impartiaux étaient bruyantes ; rien n’égalait la sombre tristesse qui s’était emparée du public.

Nos prétendus pères de la patrie n’ont point examiné votre feuille, n’ont point constaté si elle est réellement de vous cependant vous avez été déclaré criminel de lèse-nation. Jamais le sénat romain, sous Auguste et Tibère, donna-t-il des marques plus éclatantes d’asservissement et de prostitution ? La légèreté avec laquelle l’Assemblée nationale, sur la parole d’un de ses membres flétri dans l’opinion publique, vient de livrer au glaive d’un tribunal de sang, deux citoyens intacts, pour fait de leur zèle patriotique, glace d’effroi tous les esprits. Une pareille témérité serait inexcusable dans des polissons de collège ; comment l’excuser dans de graves sénateurs ? Ils diront qu’ils étaient ivres ; mais que penser de leur sagesse !

Quel poids terrible ne doit pas mettre dans la balance du Châtelet le jugement de l’Assemblée nationale, abstraction faite des raisons concertées entre les ennemis de la révolution qui remplissent ces deux corps. Ou je suppose pour un moment que, malgré la préoccupation défavorable, donnée par le législateur, le juge ne trouve dans les écrits

  1. In-8o de 8 p. ; s. l. n. d. ; à la p. 8 : « De l’imprimerie de Marat. »