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Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/258

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citoyens, et si le peuple ne retrouve son énergie du 14 juillet.

Les ennemis de la révolution ont levé le masque, ils se croient sûrs de leur triomphe, ils parlent en vainqueurs. Jugez-en à ce discours tenu hier soir à une table où quelques royalistes, enragés, faisaient éclater une insolente joie. Je refuserais de le croire, si je ne l’avais ouï de mes deux oreilles : « Grâces au ciel, les choses vont rentrer dans l’ordre, ou le sang coulera à grands flots. Mais nous sommes bons, nous voulons l’épargner. S’il y a moyen ; nous capitulerons ; voici notre plan. » Nous offrons de payer toutes les dettes de l’État. Les fonds de deux milliards sont faits en Hollande et en Angleterre ; ceux de deux autres milliards cinq cents millions seront faits sous six mois. Nous demandons en retour que les choses soient remises sur le pied où elles étaient à l’ouverture des États-Généraux. Il ne sera plus question d’assemblée nationale ; le roi, chef absolu de la nation, en sera le législateur suprême, la noblesse sera réintégrée dans ses privilèges, le clergé rentrera dans ses biens, les Parlements seront rappelés, la finance sera maintenue, le gouvernement corrigera les abus, et le peuple aura des assemblées provinciales.

Une amnistie plénière sera publiée dans tout le royaume, mais on nous livrera six têtes du côté gauche, et tous les écrivains incendiaires.

Voilà, messieurs, la médaille ; en voici le revers. Si vous refusez, trois cent mille hommes, prêts à entrer en campagne, nous feront raison de vous : ils vous asserviront et riveront vos fers ; c’est le droit de la guerre, c’est le droit du vainqueur.

Signé : Un membre du club des jacobins.