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dufort de cheverny

Plus tard, il revient à ses impressions personnelles. Ses Mémoires se terminent en juin 1801, par un paragraphe qui commence ainsi : « Tous les yeux sont fixés sur Bonaparte », et qui prouve la vérité de cette assertion en donnant une série de détails plus ou moins véridiques sur le premier Consul et sa famille : les nécessités et les tendances de son gouvernement, sa mémoire prodigieuse, sa puissance de travail, son goût pour son intérieur, son affection pour sa femme et pour sa belle-fille, Mlle  de Beauharnais, qu’il appelle, dit-on, « sa petite chouanne » ; sa passion pour les animaux, chiens, chats, singes et perroquets, dont il est toujours entouré : « Quand il est dans ses gaietés, tout cela vient sur son lit et il joue avec eux », etc., etc.

Dufort mourut peu de mois après avoir tracé ces dernières lignes, le 28 février 1802.

Sauf pour les dernières années, les Mémoires de Dufort ne présentent pas le genre particulier d’intérèt que l’on trouve dans un Journal, comme celui de Barbier, ou dans une Correspondance', comme celle de Dubuisson, qui, écrits au jour le jour, donnent sur chaque événement, au moment où il se produit, sur chaque personnage, au moment où il entre en scène, l’impression première des contemporains. La plus grande partie a été écrite après coup, par un homme qui connaissait la fin du récit, le dénouement du drame. Ainsi, la première fois