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le charme de l’histoire

Le jugement n’est-il pas trop sévère ? M. Louis Viesener s’est posé cette question, et dans ses Études sur les Pays-Bas au xvie siècle (Hachette, 1881), ouvrage très intéressant dont les premiers chapitres ont été lus par lui à la Société des Études Historiques[1], il a recherché, d’après des documents nouveaux, quel fut exactement le rôle de Granvelle dans les Flandres.

M. Wiesener est coutumier de semblables tâches. Il a la passion de la justice et de la vérité dans l’histoire. Quand il rencontre au cours de ses études un personnage flétri par un blâme qui lui semble immérité, il se plait à prendre la défense de l’accusé ; il recommence la procédure ; il révise le jugement. Dans un de ses premiers ouvrages, il s’est jadis attaché à prouver que Marie Stuart n’a pas été complice du meurtre de Darnley, et s’il n’a pas irréfragablement établi l’innocence de sa cliente, il a montré du moins combien sont peu décisives les preuves accumulées contre elle par ses ennemis et trop facilement accueillies par les indifférents, toujours enclins à donner tort à ceux que la fortune a condamnés. Tout récemment, la Société des Études Historiques l’a vu prendre en main la cause d’un personnage à coup sûr moins sympathique que la malheureuse et charmante

  1. Revue des Études Historiques, 1887, pages 17 et 243.