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les députés aux états-généraux

bourgeois de Montbrison, possesseur d’une rente noble. Cette pièce montre quels moyens pratiques étaient offerts aux députés pour recouvrer leur indemnité ; d’autre part, elle constate que la taxe destinée à payer les délégués de la noblesse pouvait être perçue même sur de simples bourgeois, quand ceux-ci étaient propriétaires de biens nobles. Cet impôt spécial était dû par la terre noble, quel qu’en fût le possesseur.

Tous ces détails nous reportent à des mœurs bien éloignées des nôtres, et, à chaque pas, nous amènent à nous demander ce que nous avons gagné, ce que nous pouvons avoir perdu aux changements que le cours des âges a apportés dans notre organisation sociale et dans nos usages.

Aujourd’hui le mandat parlementaire n’est plus un véritable · mandat, un service accidentel ; c’est presque une fonction qui remplace les autres ou qui y conduit, et qui dispense un homme d’exercer une profession précise et classée. Ce ne sont plus les « commettants » qui paient leur député, c’est l’État, c’est-à-dire tout le monde. L’élu n’est plus obligé de justifier qu’il a gagné son indemnité en faisant « de belles besognes » ; le contribuable paie sans s’apercevoir qu’il paie, sans faire d’avance ses conditions, sans discuter ensuite l’accomplissement plus ou moins utile ou fidèle du mandat. L’action de l’individu s’est effacée, pour faire place