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le charme de l’histoire

moi, raconte Dufort. Il y avait trois sièges ; elle s’assit et nous nous assîmes. Après une conversation qui eut l’air d’une visite amicale, il se leva et pria Mme la Marquise de lui permettre de lui présenter les cavaliers. Ils entrèrent ; on se tint debout ; la conversation devint générale, et après un quart d’heure, nous partîmes » (I. 84).

Quant aux courtisans, ils étaient aux pieds de la favorite du jour, qu’elle s’appelât Pompadour ou Du Barry. La charmante Mme de Choiseul elle-même, si sympathique et si digne de respect, qui sut rester sage dans cette cour corrompue, s’était liée d’une étroite amitié avec Mme de Pompadour. Après la mort de la marquise, elle crut devoir demander qu’on lui donnât, en souvenir de celle qu’on voulait bien appeler son amie, un petit chien favori. Ne regrettons pas cette faiblesse, car la réponse de Marigny, frère et héritier de la Pompadour, est aussi un curieux trait de mœurs. Il envoya le chien à Mme de Choiseul, mais il garda le collier, qui était en argent massif. (I. 313).

La Du Barry eut sa cour, comme Mme de Pompadour avait eu la sienne. Chaque matin on conduisait chez elle le jeune Condé, dont on achevait alors l’éducation. »

Dufort raconte avec indifférence, sans en paraître étonné, sans les juger, les traits les plus frappants de cet étrange affaissement moral qui avait envahi