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sabine

— Merci ! répliqua celui auquel s’adressait cette admonition ; il me semble, cependant que qui peut le plus peut le moins.

— Nom d’un robinet ! Est-ce la peine d’avoir encore du cheveu, de la jambe et le reste, pour…

— Voyons, Rougemont, ne me parle pas ainsi, conseille-moi plutôt.

— Eh bien, soit ; on s’habille comme un sportsman, on va à la Bourse, on regarde les colonnes, et on se monte le coup : ça suffit. Es-tu content ? — Allons, bonsoir, mon vieux calque, bonsoir !

— Bonsoir ! — À propos, tu m’as écrit que tu te chargeais de Jonquille ?

— C’est entendu, et j’en ferai, je crois, quelque chose.

— Merci. Au moins si je commets une désertion, je te donne une recrue.

— Une désertion ? répéta Rougemont ému du ton de son ami. Comme tu dis cela !

— Mais il me semble que c’est la vérité ; d’ailleurs, tu me l’as assez reproché tacitement.

— Mille millions de potences ! Je t’ai appelé aliéné, mais pas déserteur ; crois-tu donc que je n’ai pas compris que, pour qu’un homme tel que toi abandonnât une situation glorieuse pour courir après l’argent, il fallait qu’une crise effroyable eût éclaté dans son existence ? Garde ton secret, Henri, je ne t’interroge pas ; ce que je pourrais te répondre serait banal à côté de ce que tu endures. — Oui, parbleu, j’ai des yeux, et tu ne t’es pas désorbité le