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sabine

Fais-moi donc le plaisir, toi, d’aller me chercher des bûches et de m’offrir une tasse de thé.

Et Renée ajouta en grelottant :

— On n’a jamais vu un feu pareil ! non, d’honneur, en plein automne… — Mon ami, ajouta-t-elle, il y a deux jours que j’ai aperçu mon dernier arrosoir accroché aux branches mortes, les dalles du perron tachées de rouille, les nuages s’accumuler juste au-dessus du mur de mon jardin, ma vigne ramper… jusqu’à la porcelaine qui s’ébréchait. Alors je me décide, je précède mes bagages d’un jour et je suis venue vous apprendre comment on allume le feu, acheva Mme de Sérigny en décapitant la pile de bois du bûcher et en entassant le combustible dans la cheminée d’où jaillirent des torrents de flammes.

Duvicquet se sentait revivre en écoutant cette voix chaude, cette parole nombreuse qui allait et venait autour de lui, pendant que Sabine, en moins de trois secondes, trouvait de l’eau bouillante, apprêtait le samoward, secouait les petites cuillères, bousculait les meubles, éprouvant le besoin de faire du bruit et de sauter sur les poufs, une assiette de petits fours à la main. La vie était si impatiente chez elle qu’il lui devenait impossible de maîtriser le plaisir qu’elle éprouvait en voyant l’empressement de Renée accourant à sa prière. D’une main agitée elle versa le thé.

— Étourdie que je suis ! s’écria-t-elle, voyant qu’il manquait du sucre.

— Nos gens se couchent ridiculement tôt, remarqua