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sabine

Duvicquet. On est obligé de se servir soi-même ici. La maison est au bon plaisir de tous ces drôles !

— Savez-vous que Sabine est terriblement embellie ? interrompit subitement Renée, pendant la sortie de la jeune fille qu’on entendit fracasser la porcelaine dans la salle à manger.

— N’est-ce pas ? dit Henri en se rapprochant de Renée. Ah ! ma chère, que vous avez bien fait de quitter le Berry ! Que j’ai donc besoin de vous !

Et il frôla de sa moustache les doigts délicats qu’il réchauffait depuis un instant.

— À l’autre main, s’il vous plaît, reprit Renée. Vous tenez la même depuis cinq minutes.

— Que ne l’ai-je toujours gardée ! murmura le peintre à voix basse en la contemplant.

Et il ajouta en soupirant :

— Déjà des cheveux blancs, madame ?

— Montre, fit en revenant et curieusement Sabine, qui avait entendu et lui soulevait les bandeaux noirs de ses tempes où passaient quatre ou cinq fils argentés. Ah ! mais oui ! c’est qu’elle en a !… six, sept, huit. Veux-tu que je les arrache ?

— Merci ! répliqua Mme de Sérigny, s’emparant résolument d’un sandwich et le trempant dans sa tasse. Mais toi, mignonne, tu n’es pas trop mal, il me semble ?

— Oh ! moi, je maigris !… Tiens, ce n’est pas une plaisanterie.

Et Sabine, retroussant à la fois sa robe et ses jupons, montra une partie de ses jambes effilées à Mme de Sérigny.