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sabine

— Et, encore, tu ne vois pas le reste. Si je n’avais des bas de laine, mes mollets ressembleraient à des manches de couteau. C’est effrayant ! As-tu jamais trouvé une araignée comme moi ?

Elle défit sa jarretière, ôta son bas et son soulier, et posa son pied nu entre les genoux de Duvicquet, qui enferma ce pied dans sa main.

— Aïe ! tu me chatouilles ! finis donc ! Et pas de gorge du tout, poursuivit Sabine. C’est au plus si j’ai la place. Je défie de rencontrer un manche à balai comme moi. Je ne plaisante pas ; c’est absolument exact.

Elle dégrafa sa robe, et une gorge de dix-sept ans planta gaminement deux petits points roses au bord d’un corset de satin noir.

— Allons, rhabille-toi, reprit le peintre, un peu ému.

Mais elle s’assit sur son tuteur, et il fallut que Renée palpât bon gré mal gré ses mollets et ses épaules. Après, elle prit la main de Duvicquet et le força d’en faire autant.

— N’est-ce pas que je ne serais guère bonne pour te servir de modèle ? On ne rencontre absolument que des os. Toi qui es un Turc sous le rapport du goût, tu ne serais pas à la noce avec moi ? La semaine dernière je pesais soixante livres. Je suis sûre que cette semaine j’en ai perdu cinq.

Et, guidant les doigts d’Henri autour de ses omoplates :

— Là, c’est encore supportable, mais ici, hein !