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sabine

sens-tu quel creux ? c’est ça qui est effrayant ! — Et toi, Renée, voyons si tu me ressembles ?

Elle voulut défaire le corsage de Mme de Sérigny, qui n’eut que le temps de se rejeter en arrière.

— Sabine ! gronda-t-elle, croyant de son devoir de la reprendre.

Mais en la regardant qui se pelotonnait en riant sur Duvicquet, elle vit bien qu’elle n’avait fait tout cela que par un instinct de gamine trop précoce, recherchant déjà l’étreinte du bras d’un homme autour de sa taille.

La jeune belle, aux trois quarts dévêtue et son pied dans la main droite, remuait de sa main gauche le sucre en train de fondre dans sa tasse. Duvicquet, éventrant un petit pain anglais, roulait des boulettes de mie, et faisait évoluer son regard de la nuque de Sabine au profil de Slave de Mme de Sérigny, fermant et ouvrant l’œil, en artiste qui se dispose à croquer un groupe.

Renée but une dernière gorgée de thé et s’adressant à Henri :

— À présent que je suis un peu réchauffée, vous savez ce que je vais vous demander ?

— Non.

— À l’atelier, et bien vite.

— Je n’aime pas beaucoup à montrer mon Songe de Cassandre aux lumières. S’il était un peu avancé, à la bonne heure. Mais, au moindre signe de désapprobation que je surprendrai en vous, je serai déconcerté.

— Vous êtes donc toujours le même ?