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Page:Marc de Montifaud Sabine 1882.djvu/63

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sabine

— Qu’en penses-tu ? demanda Duvicquet à Sabine, en se suçant le pouce.

Elle eut une petite moue.

— Oui, fit-elle, demain au jour. Ça ne se sent pas le soir. Tant que les masses ne sont pas enveloppées complètement, tant qu’il y a encore des hésitations, que les groupes ne sont pas d’aplomb, mieux vaut attendre. Un mot, une question qui prouverait que tu ne comprends pas, Renée, nous serions perdus.

Un changement subit s’opérait dans la jeune fille. Ce n’était plus l’enfant volontaire, pétulante ; elle s’était subitement redressée, l’œil agrandi ; le heurt de la pensée artistique contre son front faisait évanouir ce qui n’en participait pas.

— Ah ça, bambine, c’est donc toi qui décides de tout ici ?

— Pure calomnie, répliqua-t-elle. Je n’ai pas ça d’autorité. Mais c’est moi qui vais te faire préparer un lit près de mon hamac, car tu dois être éreintée. Allons, il s’agit de réveiller les autres.

Sabine tira la sonnette à tour de bras.

— Vont-ils se décider à la fin ? Non, si je n’y vais pas, personne ne se lèvera.

Elle remit sa robe et sortit du salon sans prendre la peine de se rechausser.

Ce fut Duvicquet qui demanda à Mme de Sérigny :

— Eh bien ! vous avais-je trompée ?

— Mais je ne conçois rien à vos perplexités. Elle pourrait attendre un an encore avant de se marier, si ce n’est que j’ai précisément à vous parler de