Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/136

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argile mal cuites, les n’pokés ou l’on prépare indifféremment le poundou, hachis de jeunes feuilles de manioc, le poisson à l’huile de palme, la viande des bêtes et enfin le mets favori presque partout réservé aux mâles : la chair humaine…

Qu’il s’agisse des grands villages, interminables rues le long desquelles l’on chemine parfois plus d’une journée, et qui renferment des milliers d’hommes encore insoumis au travail, ou des moindres villages des rivières intérieures, aux populations craintives, ce sont partout les mêmes mœurs inconsciemment sanguinaires, par la transformation en goût de l’ancien besoin des jours des grandes famines préhistoriques : l’anthropophagie, aberration immonde en ce sens qu’elle entraîne des meurtres nombreux et continuels de village à village, et qu’elle empêche toute alliance entre ces opprimés contre leurs bourreaux, les blancs, les exploiteurs fiévreux des brutes cruelles et douces que sont les noirs, — dont on fait seulement des pourvoyeurs et