Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/148

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lottes miséreuses, le soleil, d’aplomb, donne à l’azur une teinte de métal en fusion. L’air trépide. Pas un souffle. Comme lasses du brutal baiser de l’astre, les feuilles se recroquevillent, les fleurs se closent, les oiseaux s’abritent, la terre semble embuée malgré la sécheresse des herbes.

Réfugiés sous leurs toits, les noirs somnolent, mêlés, hommes et femmes, petits et grands.

Tout d’un coup, un bruit lointain de tam-tam, à peine perceptible, frappe les oreilles fines. Quelque chose se passe. On écoute et l’on traduit. On signale, sur l’eau, la pirogue à feu des blancs, le machoua, dont on a déjà parlé dans les licambos. On sait, vaguement, que des hommes d’une race différente, très forts, makasi mingui ! sont venus dans d’autres rivières, loin du fleuve. Ils tuent, disent les uns. Ils donnent des étoffes et du sel, élambas et mongwa ! affirment les autres. On ne sait pas. C’est l’inconnu. La crainte et la curiosité se mêlent dans les cerveaux des rustres.