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Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/153

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la répression, sortent peu à peu de la brousse. Ils contemplent le spectacle d’épouvante, leurs cases, vite brûlées, fumantes près des buissons, les flaques de sang parmi les herbes foulées, les morts aux attitudes convulsées. Et les mutilés, tentant de panser les plaies hideuses, souffrant sans une plainte, gardent en leurs regards la stupeur de ceux qui ne comprennent pas, l’hébétement des êtres atteints par les grandes catastrophes inexpliquées. Ils ne s’interrogent pas. Les valides tournent autour des huttes, sans savoir.

Puis ils échangent quelques mots et, emmenant les martyrs qui se traînent sans geindre, tous s’enfoncent dans la forêt sereine et infinie, fuyant l’Européen maudit, le mondélé assassin, préférant le calvaire des exodes, le risque d’être capturés et mangés par les anthropophages hostiles, à ce voisinage terrifiant de l’étranger qui vient de donner un exemple.


Du village naguère paisible en son incon-