Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/43

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péen s’éloigner de leur voisinage, les indigènes préfèrent souffrir de la faim, plutôt que de se livrer à la moindre culture vivrière. Ils ne gênent pas pour dire : « Si le mondelé n’a pas à manger pour lui et pour ses hommes, il s’en ira. » Et de fait, on trouve des postes de famine dans cette forêt si prodigue de richesses à qui veut les chercher. Ils disent aussi « Matufi pilamoko akufi » : le caoutchouc, c’est la mort, et ils préfèrent parfois laisser leurs femmes, qui sont pour eux des valeurs précieuses, entre les mains des Européens et fuir au plus épais des bois plutôt que de se soumettre à un travail dont on leur fit une épouvante.

En voici une preuve :


7 septembre 1903. — Là, en tombe sur une abomination toute récente :

En mai dernier, les villages fournisseurs de caoutchouc mettant peu d’empressement à s’acquitter de leurs impositions (arbitraires et contraires aux droits reconnus des indigènes) on arrêta un jour quarante femmes et le lendemain soixante, au total cent, pour servir d’otages aux livraisons du produit. Cette contrainte est d’usage assez courant. En pareil cas,