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Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/44

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il est habituel que les villages razziés fournissent des vivres aux captives. Cette fois, soit misère, soit que les mâles effrayés fussent en fuite, ils n’envoyaient rien aux malheureuses, qui toutes moururent de faim sous les yeux de l’Européen qui les avait fait capturer.

Nous sommes cinq à entendre cette épouvantable révélation. Le coupable prétend avoir agi par ordre de son gérant. Le directeur se contente de lui ordonner d’aller dans un poste de plantations assez lointain et, le soir même, l’admet à sa table.


On peut être surpris qu’un agent européen en arrive à commettre de pareilles atrocités. Cela tient à ce que l’on recrute presque uniquement de pauvres diables sans professions, des déclassés, des personnes atteintes dans leur fortune ou dans leurs affections. Et pour ceux-ci, le Congo est un des termes de ce dilemme que notre civilisation pose si souvent aux déshérités et aux vaincus : Misère ou exil ! Ils partent pour une solde de famine, susceptible de retenues et d’amendes, et ils ne peuvent espérer quelque résultat de leurs efforts qu’en produisant quand même, qu’en produisant beaucoup