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Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/60

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notre témoin peut faire certifier ses dires par tous ceux qui séjournèrent en même temps que lui dans la même région.


15 octobre. — Arrivée à B… un poste de misère où dépérit, de faim et de maladie, un honnête homme, M. V…, de Mons, qui ne veut pas tambouler (voyager), visiter des villages noirs et veiller à la rentrée des impositions de caoutchouc et de copal.

Réellement, il agit selon les lois du pays, que son engagement et les circulaires de la Société exigent de respecter, sous peine de renvoi, en sus des responsabilités encourues. C’est une hypocrisie de façade, par laquelle les directeurs de ces entreprises se mettent à couvert. Les ordres verbaux, les insinuations, l’excitation à augmenter les envois de produits, le système de mécontentement habituel, adopté par la direction, le besoin qu’ont les gens venus ici de ne pas se contenter de la solde de misère qui leur est allouée, la haine de race, les effets du climat sur le caractère et le système nerveux, l’excitation charnelle, les privations, l’isolement, tout les porte à la brutalité, à l’injustice, au meurtre, sinon accompli, du moins toléré de la part des capitas dont on n’ignore jamais les exploits. Or, le malheureux V.… veut faire ce pour quoi il est venu au Congo, à la lettre. D’où haine des grands chefs. Avec ça un mauvais poste, un secteur marécageux en bordure de deux rivières, des indigènes lassés d’exactions et