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devenus rétifs, point de vivres et peu de santé, et pas l’habitude de la brousse : on voit d’ici le malheureux.

12 avril 1903. — On parle d’Europe, et l’on boit à la santé des absents le dernier verre de vin de la provision. Le vin est en retard. Nous n’avons plus ni thé ni café. Pas de filtre, et les eaux du pays sont mauvaises comme celles des zones forestières. À nous les microbes !

14 juillet. — La famine commence à se faire sentir. Nous sommes en ce moment cinq européens à vivre sur le ravitaillement incomplet et presque terminé de deux hommes ! Et l’on nous doit des vivres ! Le pays n’en donne guère et le jardin est épuisé.

21 juillet. — La faim fait sortir le loup du bois. Les menus deviennent trop sommaires, je me décide à aller chercher des vivres… et des nouvelles.

Redépart en pirogue. Rencontré sur la rivière, un fonctionnaire de la Société. Il annonce l’arrivée des ravitaillements par un steamer qui le mit. Je retourne au gîte.

15 décembre. — Encore une fois, plus de vin, de farine, de thé, de café, de sucre, de conserves. Il ne reste qu’un peu de riz. Quel pays de tempérance !


Ces faits se passaient dans une région d’accès facile, où la Société disposait de trois steamers qui, moyennant deux jours de navigation, pouvaient se rendre à une station du