Aller au contenu

Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fleuve reliée à l’Europe par de grands services réguliers, l’en mettant à trente-cinq jours environ.

Les directeurs étaient au courant de la misère des agents, misère à laquelle ils ne s’intéressent point, comme le prouve l’extrait suivant :


28 juillet. — Arrivée de notre grand chef qui, sachant qu’on réclame des vivres, laisse tomber publiquement cette parole dédaigneuse : « Quand je reçois une lettre dans laquelle on me demande à manger, je la jette au panier. » Il vit luxueusement, cet homme. Pourquoi s’inquiéterait-il de notre détresse ? Cela ne serait ni humain, ni logique.


On comprend que, mal traités, mal payés, souffrant de privations, incités à la production quand même, tenus en haleine par une attitude arrogante et l’apparence d’un mécontentement suspendu seulement par l’annonce d’un gros chiffre de récolte, les malheureux auxquels ne manquent pas les conseils perfides et l’éternel « on tire son plan », ritournelle des reproches et des demandes, ces malheureux en arrivent à