Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/80

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contre l’indigène. Ce sont les vivres frais qui ne viennent point au garde-manger, c’est la récolte en baisse constante dans chaque village, la production diminuée à l’instigation du capita, qui veut se faire soutenir par l’Européen, en lui représentant tous les indigènes comme hostiles et méritant une leçon ; l’Européen, peu à peu monté, se rend dans les villages, parle aux chefs d’un ton menaçant, confirme et appuie l’autorité de son auxiliaire. Alors, ce dernier affirme que si on laisse faire, tout ira bien, et l’Européen qui ne demande qu’à emmagasiner des produits, manger à sa faim et vivre tranquille, laisse faire. Il n’est plus désormais qu’un complice.

« Ne soyez pas sur le dos de vos capitas, laissez-les faire », disait un vieil Africain, « et soutenez-les, renchérissait un autre, il faut de bons capitas pour la récolte. » En effet, peu importe qu’ils soient esclavagistes, meurtriers, pillards, si, grâce à eux, le factorien réalise le rêve de tout Congolais : faire monter la production. L’un d’eux