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Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/81

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disait crûment : « Après tout, nous sommes venus ici pour faire du caoutchouc, et pas de l’humanité », et l’on agit en conséquence.

Parfois, nous l’avons vu, quand les choses se gâtent, on déplace le serviteur trop égoïste, car il est à remarquer que le seul motif de punition qu’un capita puisse redouter de la part de son blanc, c’est de se faire prendre à garder pour lui-même plus de vivres qu’il n’en donne à celui-ci.

Un jour, deux Européens, visitant une concession, arrivèrent à un village, fatigués et fiévreux, après une horrible marche sous la pluie. Le capita leur jura qu’il n’avait pas de vivres. Les deux pauvres diables durent se contenter d’une mauvaise soupe de racines, tandis que dans la journée, le capita avait reçu un cochon sauvage. Quand le fait fut révélé aux blancs, ils destituèrent immédiatement le mauvais frère ; on ne l’aurait certainement pas fait si, au lieu de cette peccadille, on l’avait convaincu de dix meurtres, à la condition bien entendu qu’il fût considéré comme bon récolteur.