Page:Marcel, Terre d’épouvante, Ficker, 1905.djvu/85

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consentent, par ignorance, mais plus souvent par complicité intéressée à armer leurs capitas des fusils Albini, à chargement rapide, prohibés par la loi de l’État, sont certains de voir rentrer des produits. Ceux qui les arment de fusils à piston risquent d’avoir des magasins vides, des capitas déserteurs ou tués, et leurs fusils enlevés. Allons aux preuves :


4 décembre 1903. — Les indigènes s’agitent dans la région. Le chef du poste où je suis actuellement ne veut pas violer la loi. Or, la défense sur place des factoreries comprend vingt-cinq fusils modèle Albini, qui jamais n’en doivent sortir, sauf cinq selon permis spécial pour escorter l’Européen en voyage. Les capitas ou autres auxiliaires noirs doivent légalement être armés de fusils à piston (les patakis) pour se défendre, dit-on — réellement pour intimider — et sévir contre les récolteurs peu zélés. Seulement, le fusil à piston, lent à charger, avec sa cartouche, facilement mouillée en ce pays humide, ne protège pas son homme contre les indigènes : ceux-ci ne craignent que l’albini, à chargement rapide, à tir précis et à cartouche métallique. Ils le craignent sottement, superstitieusement. Aussi, arme-t-on les capitas des villages avec des albinis que l’on rentre en magasin dès que l’on signale une visite d’agent