Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/102

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Chapitre I

(1) Une même année avait vu s’accomplir tous ces événements sur divers points de l’univers. Les splendeurs du consulat venaient d’ennoblir les noms d’Eusèbe et de son frère Hypace. La Gaule commençait à respirer, et Julien, libre un moment des soins de la guerre, reportait sa sollicitude sur tout ce qui pouvait contribuer au bien-être des provinces. Veiller à l’égale répartition de l’impôt, prévenir tout abus de pouvoir, écarter des affaires cette classe de gens qui spécule sur les malheurs publics, ne souffrir chez les magistrats aucune déviation de la stricte équité, telle était l’occupation de tous ses instants.

(2) Ce qui aidait aux réformes dans cette dernière partie de l’administration, c’est que le prince siégeait lui-même comme juge, pour peu que les procès eussent d’importance par la gravité des cas ou le rang des personnes ; et jamais la justice n’eut de dispensateur plus intègre.

(3) Un exemple, entre mille, suffira pour établir son caractère sous ce rapport.

(4) Numérius, ancien gouverneur de la Narbonnaise, avait à répondre devant lui à la charge de dilapidation, et, contre l’usage dans les causes criminelles, les débats étaient publics. Numérius se renferma dans la dénégation, et les preuves manquaient contre lui. Son adversaire Delphidius, homme passionné, voyant l’accusation désarmée, ne put s’empêcher de s’écrier : "Mais, illustre César, s’il suffit de nier, où seront désormais les coupables ? " À quoi Julien répliqua sans s’émouvoir : "S’il suffit d’accuser, où seront les innocents ? " Ce trait le peint comme juge.

Chapitre II

(1) Julien méditait une expédition contre plusieurs bourgades chez les Alamans, dont les dispositions lui faisaient redouter quelque nouvelle et furieuse