Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/101

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qu’il est l’homme du choix de ses peuples, le chef qu’eux-mêmes ils avaient élu.

(31) Cette seule campagne aura produit quatre résultats heureux, pour vous, pour moi, et pour la chose publique. Justice a été faite des plus dangereux de tous les brigands, voilà pour l’État. Une multitude de captifs vous est échue en partage ; et pour des braves c’est déjà beaucoup de la récompense conquise par leurs sueurs et par leurs exploits.

(32) Mais il me reste encore dans mon trésor d’amples moyens de m’acquitter envers vous. Quant à moi, j’ai réussi, par mes veilles et mes efforts, à assurer à tous mes sujets l’intégrité de leur patrimoine. C’est où tendent tous les vœux, où se résume toute l’ambition d’un bon prince.

(33) Enfin j’ai personnellement reçu ma part des dépouilles, dans cette glorieuse réitération du nom de Sarmatique, que vous m’avez unanimement, et, j’ose le dire, justement décerné."

(34) Des acclamations extraordinaires accueillirent la fin de ce discours ; et le soldat, dont l’enthousiasme s’enflammait par la promesse de récompenses ultérieures, regagna ses tentes en prenant, suivant la formule consacrée, le ciel à témoin que Constance était invincible. De retour au quartier impérial, le prince y prit deux jours de repos, et revint à Sirmium dans tout l’appareil d’une pompe triomphale. L’armée ensuite rentra dans ses cantonnements.

Chapitre XIV

(1) Dans le même temps les trois négociateurs envoyés au roi de Perse, Prosper, Spectate et Eustathe, arrivaient à Ctésiphon, où ils trouvèrent ce monarque de retour. Ils remirent entre ses mains la lettre et les présents dont ils étaient porteurs, et, fidèles à leur mandat, proposèrent de prendre le statu quo pour base du traité, ne se relâchant sur aucun point de ce qu’exigeaient les intérêts et la dignité de l’empire, et insistant principalement sur ce qu’aucun changement ne fût apporté à l’état des choses à l’égard de l’Arménie et de la Mésopotamie.

(2) Après de longs efforts pour vaincre l’obstination du roi, et voyant qu’il s’opiniâtrait de plus en plus sur la cession préalable de ces deux provinces, ils revinrent sans rien avoir conclu.

(3) À cette mission succéda, sur les mêmes errements, celle du comte Lucillien et de Procope, alors simple notaire, et qui depuis se vit entraîné, par la force des choses, à lever à son profit l’étendard de la révolte.


Traduction sous la direction de M. Nisard, Paris Firmin Didot, 1860
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