Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/135

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Chapitre I

(1) Tandis que, sous le dixième consulat de Constance et le troisième de Julien, ces divers événements se déroulaient en Orient et en Illyrie, les affaires prenaient un tour fâcheux en Bretagne. Les Écossais et les Pictes avaient rompu leurs engagements envers nous, et ces peuples féroces, étendant leurs incursions et leurs ravages sur toute la ligne frontière, jetaient l’effroi dans nos provinces, encore sous l’impression de leurs récents désastres. César, qui avait alors son quartier d’hiver à Paris, était en proie à diverses inquiétudes. Il craignait, en allant de sa personne, à l’exemple de l’empereur Constant, secourir nos possessions d’outre-mer, de laisser la Gaule, veuve de son chef, à la merci des Alamans, qui ne respiraient encore que guerre et vengeance.

(2) Il prit donc le parti de charger Lupicin, alors investi du grade de général, de pacifier le pays par le fer, ou par voie de négociation. Lupicin était bon soldat et capitaine consommé, mais de ces gens au sourcil dressé, au verbe haut, à l’accent péremptoire ; et l’on n’aurait su dire ce qui dominait chez lui, de la dureté de cœur ou de l’amour du gain.

(3) Il partit au fort de l’hiver, avec le corps des vélites, composé d’Hérules et de Bataves, deux légions de Mésie, et se rendit à Boulogne. Là il se procura des vaisseaux en nombre suffisant pour embarquer tout son monde ; et, profitant d’un vent favorable, après avoir pris terre à Rutupiae, point de débarquement correspondant, il gagna Londres, où il prit les mesures les plus promptes pour son expédition.

Chapitre II

(1) Après la chute d’Amida, Ursicin était venu reprendre son service auprès du prince en qualité de maître de l’infanterie. Nous avons déjà dit qu’il succédait dans cette charge à Barbation. Ses ennemis ne l’y laissèrent pas en repos. On débuta par des attaques sourdes, puis on en