Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/138

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(12) Pour comprendre ce que nous avons dit, que le soleil se promène tantôt au-dessus, tantôt au- dessous de nous, il faut savoir que les corps célestes, considérés relativement à l’univers, ne se lèvent ni ne se couchent ; mais ils paraissent se coucher à nos yeux sur cette terre, qui reste suspendue par l’effet d’une force interne, et n’est qu’un point dans l’immensité. C’est aussi ce qui cause l’illusion du déplacement des étoiles, dont l’ordre est en réalité fixe et immuable. Mais revenons à notre sujet.

Chapitre IV

(1) Une invasion des Perses était imminente ; nos avant- postes en étaient prévenus par tous les transfuges, et Constance accourait au secours de l’Orient. Mais son cœur était dévoré d’envie devant l’éclatant témoignage que proclamait la renommée des travaux et des vertus héroïques de Julien : les Alamans terrassés, les cités de la Gaule arrachées aux mains des barbares, eux-mêmes soumis et devenus tributaires ; autant de blessures portées à sa vanité jalouse.

(2) Il craignit que l’avenir ne lui en réservât de plus cruelles encore ; et, par le conseil, dit-on, du préfet Florence, il envoya en Gaule Décence, tribun des notaires, avec mission de tirer de l’armée de Julien toutes les troupes auxiliaires, composées d’Hérules, de Bataves, de Pétulants et de Celtes ; de réunir trois cents hommes choisis dans les autres corps, et de diriger le tout sur l’Orient, avec assez de diligence pour que ces troupes pussent au printemps entrer en ligne contre les Perses.

(3) Lupicin était nominativement désigné pour commander ce détachement ; car on ignorait encore à la cour l’expédition de Bretagne. De plus, Sintula, grand écuyer de César, reçut l’ordre de prendre l’élite des scutaires et des gentils, et de se mettre à la tête de cet autre démembrement de l’armée des Gaules.

(4) Julien se soumit sans murmure, déterminé à déférer en tout à la volonté supérieure. Il ne put cependant s’empêcher de protester contre tout emploi de contrainte à l’égard des soldats natifs d’outre-Rhin, qui, venant lui offrir leurs bras, avaient stipulé qu’on ne les ferait jamais servir au-delà des Alpes. C’était, disait-il, une clause toujours insérée par les barbares dans leurs engagements volontaires ; y porter atteinte était compromettre cette voie de recrutement pour l’avenir. Mais il parlait en vain.

(5) Le tribun, sans avoir égard à ses remontrances, exécuta strictement ses ordres. Il écréma auxiliaires et légions de leurs soldats les plus vigoureux et les plus dispos, et partit avec cette élite, tout joyeux de s’être acquis par là de nouveaux titres aux faveurs de la cour.

(6) Restait à expédier le complément des troupes demandées. César éprouvait une anxiété des plus vives. Il avait affaire aux plus farouches des soldats, et les ordres de l’empereur étaient péremptoires. Dans son embarras, qu’augmentait l’absence du général de la cavalerie, il manda près de lui le préfet, qui s’était rendu à Vienne sous prétexte de s’occuper des subsistances, mais en réalité pour s’éloigner du théâtre de la crise.

(7) Florence passait effectivement pour avoir, dans des rapports antérieurs, fortement appuyé près de Constance sur l’esprit militaire des corps employés à la défense des Gaules, sur l’effroi qu’ils inspiraient aux barbares, et pour avoir, par ces raisons mêmes, conclu au retrait de ces troupes.

(8) À l’invitation