Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/214

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foyer qui ne s’éteint jamais, une émanation du feu céleste ; et jadis les rois de l’Asie ne marchaient jamais que précédés d’une portion de ce feu sacré, comme garantie de bonheur dans leurs entreprises.

(35) Dès l’origine, cette famille, d’abord peu nombreuse, exerça par privilège les fonctions du sacerdoce auprès du roi des Perses. S’approcher des autels, ou toucher une victime, avant que le mage eût accompli les libations préalables et offert les prières voulues, eût été réputé sacrilège. Peu à peu la famille s’est accrue au point d’atteindre les proportions et de mériter le nom de peuple ; elle s’est groupée, a formé des centres d’habitation sans enceinte de murailles, et y vit sous le régime de lois qui lui sont propres, protégée seulement par le respect qui s’attache à l’idée de religion.

(36) L’histoire rapporte qu’une succession de sept rois mages occupa le trône de Perse après la mort de Cambyse, et que cette dynastie succomba sous la faction de Darius, qui dut le trône au hennissement de son cheval.

(37) C’est chez ce peuple que se confectionne l’huile médique. La flèche qu’on en imprègne brûle tout objet auquel elle s’attache, pourvu qu’elle soit décochée mollement d’un arc à la corde lâche ; car un jet rapide annule toute la vertu de la composition. L’eau qu’on emploierait pour éteindre ce feu ne ferait que le rendre plus intense on n’en triomphe qu’en l’étouffant sous le sable.

(38) Voici la recette de cette huile : On prend des feuilles d’une certaine herbe qu’on laisse macérer dans de l’huile commune ; et quand la solution est opérée, on épaissit le résidu avec une substance qui ressembleà de l’huile dense ; production naturelle du sol, avons-nous dit, et qu’on appelle naphte en langue du pays.

(39) Des villes en assez grand nombre, parmi lesquelles il ne faut pas oublier Zombis, Patansana, Tigrana et Gazaca, sont dispersées dans la Médie. Mais les plus opulentes et les plus fortes sont Héraclée, Arsacie, Europos, Cyropolis et Ecbatane ; toutes situées au pied du mont Jasonios, dans le district des Syromèdes.

(40) La contrée est aussi traversée par une multitude de cours d’eau, dont les plus considérables sont le Choaspès, le Gyndès, l’Amardus, le Charinde, le Cambyse et le Cyrus. Le roi Cyrus, l’amour de ses sujets, au moment de porter la guerre chez les Scythes, voulut substituer son propre nom à celui de ce fleuve, comme lui grand, majestueux, et surmontant avec même fierté les obstacles qu’il rencontre pour se frayer un cours jusqu’à la mer Caspienne, où va se déverser le tribut de ses eaux.

(41) Au sud de la Médie, jusqu’au rivage de la mer, s’étend la Perse proprement dite, terre féconde, couverte de palmiers et délicieusement arrosée. Le golfe dont nous avons parlé reçoit un grand nombre de ses rivières, telles que l’Oroatis, le Rogomanius, le Brisoana et le Bagrada.

(42) Ses plus importantes cités s’enfoncent dans les terres. Aucune ville de marque ne se trouve sur ses côtes : on ne sait par quel motif. Parmi les premières se distinguent Persépolis, Ardée, Orobatis et Tragonicée. Il y a aussi trois îles qui en dépendent, Tabiana, Sophta et l’île d’Alexandre.

(43) Au nord, les Parthes occupent une contrée habituellement couverte de neiges et de frimas, traversée par une rivière importante, le Choatrès.