Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/217

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ces contrées, soit qu’ils portent leur tribut à des fleuves ou à la mer, les plus remarquables sont le Rhymmus, l’Iaxarte et le Daïque. On n’y connaît que trois villes, Aspabota, Chaurana et Soita.

(64) À l’est, et par-delà les deux Scythies, une enceinte circulaire de hautes murailles enferme la Sérique, immense contrée d’une fertilité admirable, qui touche à la Scythie par l’occident, par l’est et le nord à des déserts glacés, et s’étend au midi jusqu’à l’Inde et jusqu’au Gange. Les noms de ces montagnes sont Anniba, Auzacium, Asmirées, Émodon et Ottorocorra.

(65) Deux fleuves, l’Oechardès et le Bautisos, roulent sur la pente rapide de ces plateaux, et, d’un cours ralenti, traversent ensuite une vaste étendue de terres. L’aspect du sol y est très varié ; ici de niveau, là soumis à une dépression légère : aussi grains, fruits, bétail, tout y abonde. Des peuples divers couvrent cette terre si féconde.

(66) Les Androphages, les Annibes, les Sizyges et les Oechardes font face à l’Aquilon et aux frimas du nord. Les Rabannes, les Asmiréens et les Issédons, le plus illustre d’entre ces peuples, regardent le soleil levant. À l’occident sont les Ithagoures et les Aspacares ; et vers le sud les Bautes habitent de hautes montagnes. Les villes y sont peu nombreuses, mais grandes, riches et peuplées. Les plus célèbres et les plus splendides sont Asmirée, Issédôn, Aspacare et Sère.

(67) Les Sères, de toutes les races d’hommes la plus paisible, sont absolument étrangers à la guerre et à l’usage des armes. Le repos est ce qu’ils aiment par-dessus tout : aussi sont-ils voisins très commodes. Chez eux le ciel est pur, le climat doux et sain, l’haleine des vents constamment tempérée. Le pays est boisé, mais sans épaisses forêts. On y recueille sur les arbres, en humectant leurs feuilles à plusieurs reprises, une espèce de duvet d’une mollesse et d’une ténuité extrêmes, que l’on file ensuite, et qui devient la soie, ce tissu réservé jadis aux classes élevées, et que tout le monde porte aujourd’hui.

(68) Les Sères ont si peu de besoins, la tranquillité leur est si chère, qu’ils évitent tout contact avec les autres peuples. Des marchands étrangers passent-ils le fleuve pour demander du fil de soie, ou quelque autre denrée du sol, pas un mot ne s’échange ; le prix se fait à vue. Et les habitants sont si simples dans leurs goûts, qu’en livrant leurs produits indigènes, ils n’appellent en retour aucune espèce d’importation.

(69) Au nord des Sères vivent les Ariens, peuple exposé immédiatement au souffle de Borée. Leur pays est traversé par l’Arius, fleuve navigable, qui forme un lac de même nom. L’Arie compte des villes nombreuses, dont les plus célèbres sont Vitaxa, Sarmagana, Sotira, Nisibe et Alexandrie. De cette dernière à la mer Caspienne la distance est de mille cinq cents stades.

(70) L’Arie est voisine de la Paropanisade, dont le territoire touche à l’Inde par l’est, et par l’ouest