Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/216

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pieds les choses de la vie mortelle, et que Jupiter, suivant la poétique fiction du chantre de l’Iliade, se plait à contempler du sommet de l’Ida.

(54) Après l’Hyrcanie vient immédiatement la Margiane, environnée presque entièrement de hautes montagnes, et conséquemment sans communication avec la mer. La disette d’eau en fait une espèce de désert. On y voit cependant quelques villes, dont Jasonion, Antioche et Nisa sont les plus connues.

(55) La terre la plus voisine est la Bactriane, jadis puissante et belliqueuse, et dont l’hostilité permanente contre la Perse ne s’est éteinte qu’après que celle-ci eut conquis tous les peuples ses voisins, et leur eut imposé son nom. Les rois bactricns, dans les anciens temps, se sont fait craindre d’Arsace lui-même.

(56) Cette contrée n’est guère plus maritime que la Margiane ; mais son sol est fertile, et le bétail qu’il nourrit dans ses plaines et sur ses collines est de haute taille et de fortes proportions ; témoin les chameaux que Mithridate en avait tirés, et dont les yeux des Romains furent frappés pour la première fois au siège de Cyzique.

(57) La Bactriane a des dépendances nombreuses, dont le district des Tochariens est la plus importante. Elle est, comme l’Italie, coupée d’une multitude de rivières, parmi lesquelles on remarque l’Artémis qui se joint au Zariaspe, l’Ochus qui se confond avec le Dargamane, et qui tous, de leurs tributs réunis, vont grossir la masse formidable des eaux de l’Oxus.

(58) On y compte aussi diverses cités, dont chacune est baignée par un fleuve de moindre importance : telles sont Chatracharta, Alicodra, Astacana, Ménapia et Bactra, capitale du pays, et qui lui donne son nom.

(59) Au pied des monts Bactricns commence la contrée du nom de Sogdiane, traversée par l’Iaxarte et le Dymos, très navigables tous deux. Ces fleuves, au sortir des régions élevées, d’abord précipitent leur cours au travers des vallons, puis roulent avec lenteur dans la plaine, et finissent par former un vaste marais qu’on appelle Oxia. Les villes les plus considérables du pays sont Alexandrie, Cyreschate,et la capitale, Drepsa.

(60) Les Saces, voisins de la Sogdiane, sont une peuplade féroce répandue sur un sol inculte, où les troupeaux seuls trouvent à vivre, et conséquemment dégarni de villes. Les monts Ascatancas, Imaüs et Comède en forment les points culminants. Plus loin, et quand on a dépassé le pied des monts et le bourg appelé Lithinos pyrgos, commence une longue voie de communication ouverte pour le commerce avec les Sères.

(61) Au point où finit la chaîne de l’Imaüs et du Tapurius, habitent des tribus scythes, limitrophes des Sarmates d’Asie et des Alains. Bien que comprises dans la délimitation du royaume de Perse, elles se tiennent isolées et comme séquestrées, menant une vie errante au milieu de vastes solitudes.

(62) D’autres peuplades sont encore dispersées dans ces régions ; mais le temps me manque pour les passer en revue. Il est bon de savoir toutefois qu’au milieu de ces races si farouches qu’elles en sont presque intraitables, se trouvent des peuples doux et pieux, tels que les Iaxartes et les Galactophages, qu’Homère a rendus célèbres par ce vers : "Les Galactopliages et les Abiens, les plus justes des mortels."

(63) Parmi les nombreux cours d’eau qui arrosent