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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/270

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à la famille de vos souverains, qui combat aujourd’hui noblement, non comme ceux-ci, pour s’emparer de vos dépouilles, mais pour rentrer dans le plus légitime des droits  ?

(17) Ce peu de mots lui gagna tous les esprits. Les plus résolus même abaissèrent les aigles et les enseignes, et passèrent dans les rangs de l’usurpateur. Tous le saluent empereur par ce cri formidable que les barbares appellent "barritus" ; et les deux troupes réunies le ramènent au camp, prenant d’une commune voix Jupiter a témoin que Procope est invincible.

Chapitre VIII

(1) Un succès plus important était encore réservé aux rebelles. Un tribun nommé Rumitalque, qui avait pris parti pour Procope et reçu de lui l’intendance du palais, se rendit par mer à Drépane, aujourd’hui Hélénopolis, avec un plan habilement concerté, et occupa soudainement Nicée par ses intelligences avec la garnison.

(2) Valens aussitôt envoya pour reprendre cette place Vadomaire, ex- roi des Alamans, avec un corps de troupes habitué aux opérations de siège. Quant à lui, il se rendit par Nicomédie à Chalcédoine, dont il voulait aussi pousser le siège avec vigueur. Les habitants, du haut de leurs murs, l’accablaient d’insultes, lui donnant par dérision le sobriquet de Brasseur, c’est-à-dire fabriquant de cette liqueur extraite de l’orge ou du froment qui est en Illyrie la boisson du pauvre.

(3) Enfin, rebuté par le manque de vivres et l’obstination des assiégés, Valens allait faire retraite. Tout à coup une sortie opérée brusquement par la garnison, sous le commandement de l’audacieux Rumitalque, taille en pièces une partie des assiégeants, et cherche à surprendre par derrière l’empereur qui était encore dans le faubourg. L’entre prise aurait eu un plein succès, si le prince, averti à temps du danger, n’eût traversé en toute hâte le lac Sunon, et mis les sinuosités du fleuve Gallus entre lui et la poursuite. Ce coup de main rendit Procope maître de toute la Bithynie.

(4) Revenu précipitamment à Ancyre, Valens y apprit l’approche de Lupicin avec des forces considérables. L’espoir alors lui revint, et il s’empressa d’envoyer coutre l’ennemi Arinthée, la fleur de ses généraux.

(5) Près de Dadastane, où j’ai déjà dit qu’était mort Jovien, celui-ci rencontra, suivi d’un corps nombreux d’auxiliaires, Hypéréchius, qui d’officier subalterne avait été élevé à ce commandement par l’amitié de Procope. Arinthée dédaigna de se mesurer avec un si méprisable adversaire ; et, de cet ascendant que lui donnait sa haute taille et le renom de ses exploits, il commande aux ennemis de saisir et d’enchaîner leur capitaine. On obéit, et ce chef dérisoire est fait prisonnier par ses propres soldats.

(6) Sur ces entrefaites, un commis des largesses de Valens, nommé Vénuste, depuis quelque temps dépêché en Orient pour faire aux troupes le payement de la solde, s’était empressé, à la nouvelle de ces fâcheux événements, de se réfugier à Cyzique avec les fonds dont il était chargé.

(7) Il trouva dans cette place Sérénien, comte des domestiques, qui s’y était enfermé pour la garde du trésor, avec ce qu’il avait pu ramasser de troupes à