Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/277

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Chapitre I

(1) Pendant cette rapide succession de faits en Orient, les Alamans s’étaient en partie remis des rudes coups que Julien avait portés à leur puissance, et le dépit du traitement qu’ils venaient de recevoir les poussait à insulter de nouveau les frontières, par eux longtemps respectées, de la Gaule. Aux calendes de janvier, profitant de l’extrême rigueur de l’hiver dans ces régions glaciales, plusieurs bandes firent ensemble irruption, et, divisées en trois corps, se répandirent en pillant dans le pays.

(2) Charietto, qui commandait sous le titre de comte dans les deux Germanies, s’avança contre le premier corps avec ce qu’il avait de meilleures troupes. Il avait appelé à lui Sévérien, qui était cantonné à Châlons avec les Divitenses et les Tongriens, officier du même rang que lui, mais vieux et infirme.

(3) Quand leurs forces furent réunies, ils jetèrent avec promptitude et résolution un pont sur une rivière de médiocre largeur ; et, du plus loin qu’on aperçut l’ennemi, l’action s’engagea par des volées de traits et de flèches, que les barbares rendirent aux Romains avec usure.

(4) Mais quand on en vint à combattre de près l’épée au poing, notre ligne de bataille, ébranlée par le choc impétueux des barbares, perdit toute vigueur et toute énergie ; et à la vue de Sévérien renversé de cheval par un javelot, elle prit tout à coup la fuite.

(5) En vain Charietto, gourmandant les fuyards et leur opposant son corps pour barrière, tâcha de leur faire laver cette honte en combattant de pied ferme : lui-même il reçut le coup mortel.

(6) Les barbares, après sa mort, s’emparèrent de l’étendard des Hérules et des Bataves,