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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/338

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Chapitre I

(1) Tandis que grondait en Europe l’orage excité par la perfidie de Marcellien et par l’indigne assassinat du roi des Quades, l’Orient voyait se consommer une trahison du même genre sur la personne de Pap, roi d’Arménie. Voici ce que j’ai su des détails de cette odieuse affaire.

(2) Les actes de ce jeune prince étaient perpétuellement accusés et souvent travestis auprès de Valens par cette espèce de gens qui exploitent les malheurs publics, au nombre desquels je citerai en première ligne le duc Térence, qui, avec ses yeux baissés, sa démarche timide et l’expression mélancolique de son visage, n’en fut pas moins toute sa vie un des plus intrépides fauteurs de troubles et de discordes.

(3) Térence s’était associé avec quelques Arméniens que leurs méfaits avaient placés, à l’égard de leur gouvernement, dans la position d’avoir tout à craindre. Il écrivait lettre sur lettre à la cour de l’empereur, rappelant sans cesse le sujet de Cylax et d’Artaban, et ne manquant pas de représenter le jeune prince comme capable de toute espèce d’emportement, et son gouvernement comme la tyrannie même ;

(4) si bien que l’invitation fut adressée à Pap de se rendre à Tarse en Cilicie, sous le prétexte de conférer avec lui d’affaires urgentes. Là, en affectant de le traiter en roi, on le retint gardé à vue, sans qu’il pût pénétrer jusqu’à l’empereur, ni obtenir des bouches muettes qui l’environnaient aucune explication sur le motif qui rendait sa présence nécessaire. Enfin, il apprend par une voie secrète que Térence disait dans ses lettres à l’empereur qu’il fallait, dans l’intérêt de nos relations avec l’Arménie, lui donner un autre roi ; que l’aversion qu’inspirait Pap et la crainte de son retour allaient jusqu’à jeter le pays dans les bras des Perses, dont l’ardente convoitise, n’attendant que l’occasion, ne reculerait devant aucun moyen, caresses, argent, ou force ouverte.

(5) Les yeux de Pap s’ouvrent alors sur ses périls. Il voit qu’on l’a joué ; qu’il n’y a sûreté