Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/682

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avec plus d’intrépidité. Ces essais militaires se faisaient non seulement en rase campagne, mais encore sur des terrains embarrassés, monteux, difficiles. On les parcourait tels qu’ils aient sans se détourner ; de sorte qu’il ne pouvait se rencontrer sur un champ de bataille aucune espèce d’obstacle que le cavalier, par des exercices suivis, n’eût appris à franchir et à surmonter aisément.

chapitre xxviii.
Qu’il faut exciter les Romains à l’instruction militaire et au courage.

En résumant dans ce livre, fruit de mon dévouement et de mon zèle, des préceptes tirés de tous les auteurs qui ont traité de la discipline militaire, j’ai voulu prouver, invincible empereur, que si l’on observait les anciennes maximes sur le choix et sur l’exercice des nouveaux soldats, on rendrait bientôt aux armées romaines leur ancienne vigeur. Cette ardeur martiale qui anima les hommes de tous les temps n’est point refroidie ; ces mêmes terres qui ont produit tant de peuples illustres, tels que les Lacédémoniens, les Athéniens, les Marses, les Samnites, les Pélignes, en un mot les Romains, ne sont point épuisées. Les Epirotes n’ont-ils pas été autrefois d’excellents soldats ? Les Macédoniens, les Thessaliens n’ont-ils pas conquis la Perse, et pénétré jusqu’à l’Inde ? Les Daces, les Mésiens, les Thraces n’ont-ils pas été de tout temps si belliqueux, que l’histoire fabuleuse a fait naître chez eux le dieu de la guerre ? J’en aurais pour longtemps à énumérer les forces des diverses nations, puisque toutes sont contenues dans l’empire romain. Mais la sécurité, fruit d’une longue paix, a partagé ces peuples entre les douceurs de l’oisiveté et les tranquilles occupations des charges civiles. Nos exercices militaires, d’abord négligés, puis regardés comme inutiles, ont été enfin oubliés tout à fait. Il ne faut pas nous étonner que cela nous soit arrivé dans ces derniers temps, puisque, dans l’intervalle des vingt ans qui s’écoulèrent entre les deux guerres puniques, les Romains victorieux et tranquilles s’engourdirent de façon à ne pouvoir tenir contre Annibal. Mais, ranimés enfin par la perte de leurs consuls, de leurs capitaines, de leurs armées entières, ils ramenèrent la victoire dès qu’ils eurent repris les exercices et la discipline militaire. Il ne faut pas d’autres preuves de la nécessité de choisir avec soin et d’exercer sans cesse les nouveaux soldats. D’ailleurs il en coûte beaucoup moins de former ses propres sujets, que de prendre des étrangers à sa solde.