Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/693

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que plus exactement qu’on ne dresse, dans la ville, les journaux des vivres et de la police. Les gardes du camp, en temps de guerre, et celles qui se montent tous les jours en temps de paix, qui se fournissent par centuries et par chambrées, se marquent aussi sur des tablettes, avec les noms des soldats, à mesure que leur tour arrive, afin que personne ne soit surchargé contre la justice, ou exempté de son devoir par faveur. On enregistre aussi la date et la durée des congés qui s’accordent ; mais autrefois on n’en donnait que difficilement, et pour des causes indispensables et connues. On n’employait point aussi les soldats des services domestiques, ni au soin des affaires privées ; car il ne paraissait point convenable que les soldats de l’empereur, vêtus et nourris aux dépens de l’État, fussent détournés du service pour des affaires privées. Cependant les préfets, les tribuns, et même les autres officiers, avaient à leur disposition des soldats destinés à leur service particulier ; c’étaient ceux qu’on appelle à présent surnuméraires, c’est-à-dire qui avaient été reçus après que la légion était complète. Les soldats en pied étaient cependant obligés d’aller chercher et d’apporter au camp le bois, le fourrage, la paille ; et c’est de cette sorte de service qu’on les appelle munifices.

chapitre xx.
La moitié des gratifications des soldats doit être mise en séquestre aux enseignes.

Les anciens avaient sagement établi que la moitié des gratifications qu’on fait aux troupes fût mise en dépôt aux enseignes, de crainte que les soldats ne dissipassent tout par la débauche et les folles dépenses. La plupart des hommes, surtout les pauvres, dépensent à mesure qu’ils reçoivent ; et c’est faire le bien des soldats que de leur mettre cet argent en séquestre. Entretenus aux dépens de l’État, ils se font peu à peu de la moitié des gratifications un fonds pour leurs besoins ; ils ne songent point à déserter ; ils s’attachent davantage aux enseignes, ils les défendent avec plus d’ardeur, animés qu’ils sont par ce penchant du cœur humain, qui nous rend si soigneux de ce qui nous fait vivre. Les gratifications étaient partagées en dix bourses, une par cohorte : toute la légion mettait encore dans une onzième pour la sépulture commune ; et si un soldat venait à mourir, on en tirait de quoi faire ses funérailles. Toutes ces sommes étaient sous la garde des porte-enseignes : c’est pourquoi on choisissait pour remplir cet emploi des gens d’une fidélité reconnue, et capables non seulement de garder leur dépôt, mais de faire à chacun le décompte de ce qui lui appartenait.

chapitre xxi.
Que les promotions doivent se faire de telle sorte que les soldats promus passent par toutes les cohortes.

Il semble qu’un conseil supérieur à celui des hommes ait présidé à l’établissement de la légion romaine, lorsqu’on considère que les dix cohortes qui la composent, de la manière dont elles sont