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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/696

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chapitre xxiv.
Exemples de stimulants et d’exercices militaires tirés d’autres professions.

L’athlète, le chasseur, le cocher, qui se donnent en spectacle dans le cirque, ne cessent, pour un vil intérêt ou pour gagner la faveur de la populace, de s’exercer tous les jours, afin de se perfectionner dans leur métier. Avec combien plus d’application le soldat, dont la profession est de défendre l’État, doit-il l’étudier, et s’y entretenir par une répétition continuelle des exercices ! Outre la gloire de triompher de l’ennemi, il profite souvent d’un riche butin ; les règlements de la milice et le choix de l’empereur l’élèvent aux dignités et aux fortunes de la guerre. Si les acteurs s’exercent sans cesse pour mériter sur la scène les applaudissements du public, le militaire, engagé par serment à la milice, destiné par son état à combattre pour sa propre vie et pour la liberté de sa patrie, peut-il jamais se lasser de s’exercer, soit qu’il soit nouveau dans son métier, soit même qu’il ait déjà du service ; surtout s’il est vrai, suivant cette ancienne maxime, que tous les arts ne s’apprennent que par la pratique ?

chapitre xxv.
Des outils et machines de la légion.

Ce n’est pas seulement par le nombre des soldats que la légion remporte le plus souvent la victoire, mais par le choix des armes. La plus redoutable est cette espèce de javelot à l’épreuve duquel il n’y a ni bouclier ni cuirasse lorsqu’il est lancé par ces machines appelées carrobalistae. Chaque centurie a à sa suite une de ces machines tirée par des mulets, et servie par onze soldats ; plus elles sont grandes, plus elles chassent loin et roide les javelots dont on les charge : on ne s’en sert pas seulement pour la défense des camps, on les place encore sur le champ de bataille, derrière les pesamment armés ; et ni la cavalerie ni l’infanterie, armées de boucliers, ne résistent aux traits qu’elles lancent. Il y a donc cinquante-cinq de ces machines dans une légion ; de plus, dix onagres, c’est-à-dire une par cohorte : on place ces sortes de machines sur des chariots armés, tirés par deux bœufs, afin qu’en les transportant du côté du camp où l’on prévoit l’attaque de l’ennemi, on puisse le repousser de loin à coups de pierres, de dards et de javelots. Chaque légion porte encore des espèces de canots faits d’un seul morceau de bois creusé, des chaînes de fer, et une grande quantité de cordes. Quand il est question de traverser des fleuves sur lesquels il n’y a pas de ponts, on met à l’eau ces canots, qu’on attache les uns à côté des autres ; ensuite on construit dessus une espèce de plancher fait avec des madriers, et sur lequel l’infanterie et la cavalerie passent ainsi sans danger, d’un bord à l’autre. La légion porte encore des crocs de fer, qu’on appelle loups ; des faux attachées à de longues perches ; des hoyaux, des pieux, des bêches, pelles et pioches ; des hottes et des paniers pour porter la terre : elle a encore des doloires, des haches, des coignées, des acies, et tous les outils propres à dégauchir le bois, à le scier et à l’employer. Il y a aussi des ouvriers attachés à la légion, pourvus de tous les instru-