Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/716

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sur neuf rangs au plus. Au reste, on risque moins à combattre trop serré que trop ouvert ; car si votre front est extrêmement mince, vous courrez risque d’être enfoncé sans ressource au premier choc. A l’égard des troupes qui doivent occuper la droite, la gauche ou le centre, leur poste suit ordinairement leur grade, ou varie suivant la façon dont les troupes ennemies sont elles-mêmes postées.

chapitre xvi.
Disposition de la cavalerie.

Après avoir rangé l’infanterie en bataille, on poste la cavalerie sur les ailes ; de sorte que les cuirassiers et les lanciers touchent immédiatement les cohortes, et que les archers et les cavaliers qui sont sans cuirasses s’étendent un peu davantage. Les premiers, comme plus fermes, sont destinés à couvrir les flancs de l’infanterie ; les autres, comme plus agiles, à tomber sur les ailes ennemies, pour tâcher de les entraîner et de les rompre. Un général doit savoir quelle espèce de cavalerie il faut opposer aux différents corps de l’ennemi ; car nous voyons tous les jours, sans en pénétrer la cause, que telle troupe, qui a un ascendant sur une autre, éprouve, à son tour, un ascendant supérieur de la part d’une troupe plus faible en apparence. Si votre cavalerie vous paraît inférieure à celle de l’ennemi, mêlez dans les intervalles des fantassins, choisis entre les plus agiles de ceux qu’on appelait vélites ; qu’ils soient armés d’un bouclier léger, et exercés à cette espèce de combat. Une cavalerie ainsi mêlée en battra toujours une supérieure. Aussi tous nos anciens généraux réparaient-ils le désavantage du nombre en postant ainsi entre deux cavaliers un de ces jeunes soldats, bien exercé à la course et au maniement du bouclier, de l’épée et du javelot.

chapitre xvii.
Du corps de réserve.

Ce qui contribue beaucoup à la victoire, c’est d’avoir en réserve de l’infanterie et de la cavalerie choisie, sous le commandement d’officiers qui n’aient point de poste fixe : ces troupes se partagent, les unes derrière leur corps de bataille, les autres derrière leurs ailes, afin qu’en se portant vivement au secours d’une troupe qui plie, et en soutenant vigoureusement le choc de l’ennemi, elles en arrêtent l’impétuosité, sans déranger l’ordre de bataille. Les Lacédémoniens inventèrent les réserves : les Carthaginois en adoptèrent l’usage, que les Romains, d’après eux, ont toujours pratiqué depuis. C’est la meilleure disposition qu’il y ait. Le corps de bataille ne doit avoir qu’une action générale pour repousser ou pour rompre, s’il se peut, l’ennemi. Si vous voulez ranger quelque troupe en forme de coin, de tenaille, de scie, il faut la prendre dans le corps de réserve, et non dans le corps de bataille ; autrement, si vous tirez le soldat de son rang, vous y jetterez le désordre. D’ailleurs, si l’ennemi, vous attaquant par pelotons, presse trop votre centre ou vos ailes, et que vous n’ayez pas en queue de la partie attaquée une troupe prête à la soutenir, alors, en voulant vous dé-