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Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/730

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mieux. On les entasse dans les tours et sur les remparts, les plus petites pour être jetées à la main avec la fronde ou le fustibale, les médiocrement grosses pour être lancées avec les onagres ; et l’on range les plus pesantes et les plus roulantes le long des parapets, pour écraser les assaillants et briser les machines. On fait aussi de très grandes roues de bois vert, ou bien on coupe sur les plus forts arbres de gros cylindres, qu’on polit pour leur donner plus de volubilité. Ces masses, abandonnées à leur impétuosité sur les décombres d’une brèche, renversent les ennemis, et jettent l’épouvante partout. Il faut avoir aussi en magasin des poutres, des madriers, et des clous de toute grandeur ; car on ne résiste aux machines des assiégeants que par d’autres machines, surtout lorsqu’il s’agit de donner promptement de la hauteur aux murailles et aux parapets, pour n’être pas commandé par les tours mobiles des assiégeants.

chapitre ix.
De ce qu’il faut faire, si les cordes des machines viennent à manquer.

Il faut aussi avoir une attention particulière à se fournir de cordes de nerfs : les onagres, les balistes et les autres machines ne servent de rien, si elles ne sont bandées avec des cordes de cette espèce. On assure cependant que les crins des chevaux sont bons ; et il est hors de doute, par l’expérience que les Romains en ont faite dans un cas pressant, que les cheveux des femmes n’ont pas moins de force. Au siège du Capitole, les machines étant démontées à force de servir, et les cordes de nerfs manquant absolument, les dames donnèrent leurs cheveux à leurs maris, qui en remontèrent les machines, et repoussèrent vigoureusement les ennemis : sacrifice louable, qui sauva la liberté de ces femmes vertueuses et celle de leurs maris. Il faut aussi faire provision de couvertures de poils et de peaux crues, pour couvrir les balistes et les autres machines.

chapitre x.
Des moyens d’empêcher qu’une place manque d’eau.

C’est un grand avantage pour une place, que d’avoir dans son enceinte des fontaines qui ne tarissent point. Quand on en est privé, il faut creuser des puits à toute profondeur, et en tirer les eaux avec des cordes. Mais si on est assiégé dans des forteresses situées sur des montagnes, dans un terrain sec ou sur le roc, comme il arrive quelquefois, on cherche des veines d’eau plus basses hors de l’enceinte de la place, et on les protège avec les batteries des murailles et des tours qui en assurent la communication. Que si cette source est hors de la portée du trait, mais cependant au-dessous de la place, et sur le même côté, il faut construire entre le corps de la place et cette source un petit fort qu’on appelle bourg, dans lequel on établit des balistes et des archers pour éloigner les ennemis, et défendre les gens qu’on envoie à l’eau. On creuse encore de bonnes citernes dans tous les bâtiments publics, et dans beaucoup de maisons particu-