Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/732

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chapitre xv.
Des vignes, du mantelet et du cavalier.

Les anciens appelaient vignes des galeries d’approche, à qui le soldat donne aujourd’hui un nom barbare. On compose cette machine d’une charpente légère, et on lui donne sept pieds de haut et huit de large, sur seize de long, avec un double toit de planches et de claies. Ses côtés se garnissent d’un tissu d’osier impénétrable aux coups de pierre et aux traits ; et, de crainte du feu, on couvre le tout en dehors de cuirs frais ou de couvertures de laine ; on joint de front plusieurs de ces machines, sous lesquelles les assiégeants s’avancent à couvert au pied des murailles, pour les saper. Les mantelets sont faits d’une charpente cintrée, et couverte d’un tissu d’osier qu’on garnit de peaux fraîches ou de pièces de laine. On les conduit où l’on veut, comme des chariots, par le moyen de trois petites roues placées, l’une au milieu sur le devant, et les autres sur le derrière, aux deux extrémités. Les assiégeants approchent ces mantelets des murailles ; et, de dessous ce couvert, ils délogent les assiégés des remparts à coups de flèches, avec la fronde ou des traits, pour faciliter l’escalade. Le cavalier est une terrasse qu’on élève avec du bois et de la terre contre les murailles, pour lancer des traits dans la place.

chapitre xvi.
Des muscules.

On nomme muscules de petites machines sous lesquelles les assiégeants comblent le fossé de la place avec des pierres, de la terre et des fascines qu’ils y portent ; consolident et aplanissent le terrain, afin que les tours ambulantes puissent approcher de la muraille sans obstacle. On les appelle muscules, du nom d’un petit poisson de mer. Comme ce poisson sert de guide aux baleines, et leur est continuellement utile malgré sa petitesse, de même ces petites machines, destinées au service des grandes tours, marchent devant elles pour leur ouvrir le passage et leur frayer les chemins.

chapitre xvii.
Des tours mobiles.

Les tours sont de grands bâtiments assemblés avec des poutres et des madriers, et revêtus avec soin de peaux crues ou de couvertures de laine, pour garantir un si grand ouvrage des feux des ennemis. Leur largeur se proportionne sur la hauteur ; quelquefois elles ont trente pieds en carré, quelquefois quarante ou cinquante : mais leur hauteur excède les murs et les tours de pierre les plus élevées. Elles sont montées avec art sur plusieurs roues, dont le jeu fait mouvoir ces prodigieuses masses. La place est dans un danger évident quand la tour est une fois jointe aux murailles ; ses étages se communiquent en dedans par des échelles, et elle renferme différentes machines pour prendre la ville. Dans le bas étage est un bélier pour battre en brèche ; le milieu contient un pont fait de deux membrures, et garni d’un parapet de claionnage. Ce pont, poussé en dehors, se place tout d’un coup entre la tour et le haut du mur, et fait un pas-