Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/735

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sont les plus terribles de toutes. Ce qu’on nomme à présent manubaliste s’appelait auparavant scorpion, parce que cette machine tue avec des dards minces et déliés. Il me paraît superflu de décrire le fustibale, l’arbalète et la fronde, armes assez connues par l’usage qu’on en fait à présent. J’ajoute, par rapport à l’onagre, que les masses qu’il lance sont d’un poids à écraser non seulement les hommes et les chevaux, mais à briser aussi les machines des ennemis.

chapitre xxiii.
Des matelas, nœuds coulants, loups et colonnes pesantes contre le bélier.

Il y a plusieurs moyens de résister aux béliers et aux faux. Quelques-uns descendent, avec des cordes, des matelas et des couvertures de laine, le long de la muraille, aux endroits où le bélier bat en brèche, pour en amortir la violence. D’autres saisissent les béliers avec des nœuds coulants, les tirent obliquement du haut du mur à force de bras, et les renversent avec leurs tortues. Plusieurs attachent à des cordes un fer dentelé fait en manière de pince, qu’on appelle loup, avec lequel ils accrochent le bélier, le renversent ou le suspendent, de façon qu’il ne peut plus agir. Quelquefois on roule du haut des murs des colonnes et des masses de pierre ou de marbre sur les béliers, pour les rompre. Si, malgré tout cela, le bélier ouvre la muraille et qu’il y fasse brèche, ce qui arrive souvent, la seule ressource qui reste, c’est de démolir les maisons, de construire un autre mur en dedans, et de tâcher de faire périr les ennemis sur le rempart, s’ils entreprennent de vous forcer.

chapitre xxiv.
Des mines, soit pour démolir les murailles, soit pour pénétrer dans la place.

Il y a une autre manière sourde et rusée de prendre les places : ce sont les mines. On emploie un grand nombre de travailleurs à ouvrir la terre, comme font les Besses, peuples industrieux à fouiller les mines d’or et d’argent, et l’on conduit vers la ville une galerie souterraine. Cet ouvrage a deux usages : ou les assiégeants le poussent sous le corps de la place, s’y introduisent la nuit sans que les assiégés s’en aperçoivent, ouvrent la porte à leurs gens, et égorgent les habitants dans leurs maisons ; ou du moins, quand leurs mineurs sont arrivés aux fondements de la muraille, ils la sapent sur une grande étendue, et l’étayent avec des bois secs, qu’ils entourent de sarment et de différentes matières combustibles. Après avoir disposé les troupes pour l’assaut, on met le feu aux étais, et la muraille, qui s’écroule tout d’un coup, fait une large brèche.

chapitre xxv.
Dernière ressource d’une place forcée.

Il y a une infinité d’exemples de villes forcées ou surprises, où l’on a fait périr jusqu’au dernier les ennemis qui y étaient entrés. En effet,